Trois hommes sont amenés à fuir leur pays pour des motifs divers. Manzon, banquier à Paris, risque la prison pour cause de spéculation. Scanlon, minable escroc new-yorkais, est recherché par des truands, la police est aux trousses de Kassem, terroriste arabe. On les retrouve tous les trois gagnant péniblement leur vie en travaillant comme ouvriers dans une raffinerie de pétrole au fin fond de l’Amérique du Sud. Repaire des damnés de la terre, le petit village où ils vivent est un insalubre et sordide bidonville. Ils ne tardent pas à vouloir quitter cet enfer. Mais une importante somme d’argent, qu’ils ne possèdent naturellement pas, leur est nécessaire pour y parvenir. Une occasion inespérée de la gagner se présente pourtant. Il s’agit de transporter à bord de deux camions de la nitroglycérine à travers la jungle. En dépit de l’immense danger que présente l’expédition (la nitro explose au moindre choc) nombreux sont ceux qui participent au concours destiné à trouver les meilleurs chauffeurs. Les trois hommes sont sélectionnés ; Nilo, un tueur professionnel, est le quatrième. D’immenses difficultés jalonnent leur épopée. (Le Convoi de de la peur – Source : wikipedia).

Casting

Tout grand cinéaste a son film maudit. «Le Convoi de la Peur» sera sans conteste celui du génial William Friedkin. Après une longue pause de presque 4 ans, le réalisateur de «L’Exorciste» décide de partir dans une toute autre direction et se lance alors dans un surprenant et inattendu remake du «Salaire de la Peur» de Henri Georges Clouzot. La fameuse histoire de l’infernal périple de quatre hommes chargés de convoyer 400 Kgs de nitroglycérine sur les routes impraticables du Nicaragua.

Bien qu’il ait pensé à Gene Hackman, Paul Newman, Kris Kristofferson, et Jack Nicholson pour interpréter le rôle principal, le choix N°1 de Friedkin reste Steve McQueen. Ce dernier accepte à condition qu’un rôle soit écrit pour sa compagne Ali McGraw (Le tournage ayant lieu au fin fond de la jungle dominicaine, l’acteur ne voulait pas rester trop longtemps éloigné de la belle Ali). Le cinéaste refuse et se fâche même avec McQueen. C’est donc Roy Scheider avec qui Friedkin avait déjà travaillé sur «French Connection», qui héritera du rôle. Bruno Cremer, Amidou et Francisco Rabal viendront compléter le casting.

«Le Convoi de la Peur» sera l’occasion pour Friedkin de proposer une odyssée rédemptrice, à la fois sombre et brutale qu’il définira lui-même comme «une série d’actions à répercussions, l’une provoquant l’autre, comme un château de cartes qui s’écroule»*

Entre des conditions difficiles et des relations extrêmement tendues avec toute son équipe, le tournage ne sera pas de tout repos. Friedkin sera souvent à l’image de Coppola sur «Apocalypse Now», proche de la rupture, dépassé par cette énorme entreprise.

Peu de dialogues, une ambiance moite et étouffante, une succession de séquences d’une impressionnante intensité mises en scène avec une extraordinaire maitrise, «Le Convoi de la Peur» est un film brillantissime.

Dès le départ, le spectateur est happé par les aventures apocalyptiques de ces quatre hommes traqués et perdus que Friedkin prend le soin de nous présenter longuement (40 minutes) dans de magistrales séquences d’expositions.

Puis, c’est le début du périple et là, on reste scotchés. Sans faire appel à de quelconque effets de style (le passé de documentariste de Friedkin ressort une nouvelle fois ici), il enchaine les péripéties avec une force et un réalisme rares, aidé par ce décor absolument dantesque. La longue séquence du pont suspendu est à elle seule, l’une des plus époustouflantes de l’histoire du cinéma. A noter aussi l’envoutante musique de Tangerine Dream.

Pourquoi donc qualifie t’on alors ce film de maudit ? Incompris, raillé par les critiques du monde entier, «Le Convoi de la Peur» sera également totalement boudé par le public. Réalisé avec un budget de 22 M$, il n’en rapportera même pas la moitié. Pire, le film restera longtemps bloqué pour une question de droits partagés entre le studio Universal et la Paramount.

Oeuvre préféré de son réalisateur, «Le Convoi de la Peur» n’est rien d’autre qu’un véritable chef d’oeuvre.

* «Le Petit livre de William Friedkin» de Gilles Boulenger. Edition : Le Cinéphage

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